Amélie Bertrand
Monographie, 2023
Semiose éditions
Internet n'est pas la seconde nature d'Amélie Bertrand, mais sa nature tout court. C'est dans ce monde numérique, qui n'a désormais plus rien de parallèle, qu'en peintre « impressionniste » des années 2000 et des poussières, elle va sur le motif qu'est l'écran, piller des formes, glaner des textures, des lumières, des ombres, des perspectives. Elle en rapporte des prairies de gazon synthétique, des champs de marguerites en plastique, des fruits en néons... qu'elle traduit en peintures, passionnément lisses et illusionnistes.
La nouvelle monographie consacrée à Amélie Bertrand - sobrement intitulée « Amélie Bertrand » - reproduit ses œuvres réalisées depuis 2016, peintures sur toile et sur papier, mais également ses autres projets, tels la tapisserie d'Aubusson, les lithographies pour JRP Next, les colonnes peintes, etc. Cette publication fait suite au numéro du fanzine Pleased to meet you paru en 2016 (Semiose éditions) et elle est réalisée en lien avec l'exposition au centre d'art contemporain de la Matmut (printemps 2023).
Brice Matthieussent - écrivain, traducteur, éditeur, professeur d'esthétique, auteur de plusieurs essais critiques - signe un texte analytique sur l'œuvre d'Amélie Bertrand, à la poursuite de son « énigmatique puissance narrative ». Julia Marchand, curatrice adjointe à la Fondation Vincent van Gogh Arles et fondatrice de la plateforme Extramentale, recueille quelques confidences de l'artiste, qui cite Maurice Denis, le Dekotora japonais, Ed Ruscha ou la nuit comme des sources inépuisables d'inspiration. Enfin, Sophie Eloy, responsable de la documentation du musée de l'Orangerie et commissaire d'exposition, mène un entretien avec l'artiste, dans lequel la figure de Claude Monet est régulièrement convoquée.
« Ce sont des nymphéas qui sont devenus des formes. Oui, je pense que ça s'est construit ainsi. Lors de la création du dessin où sont apparus mes premiers motifs de nymphéas, je n'ai pas pensé tout de suite à Monet. Par la suite, bien sûr, c'est réconfortant de penser que Monet en a peint des centaines. À regarder comment il a épuisé le nymphéa, on se dit que c'était un bon choix. » (Amélie Bertrand en conversation avec Sophie Eloy)