Oli Epp
Black Swan, 2020
Semiose édtions
Text: Mara Hoberman
Le leporello Black Swan d’Oli Epp édité par Semiose est un objet destiné aux iconophiles, voire aux iconomanes. Dans sa reliure gainée faux cuir, les trois tableaux de la série Black Swan d’Oli Epp se déplie en majesté, à la façon des ailes du cygne répété trois fois.
Ce bel objet renoue avec la tradition des retables portatifs en vogue pendant le Moyen Âge, et démontre, s’il en était besoin, l’inscription d’Oli Epp dans l’historicité de la peinture. Mara Hoberman, dans le livret qui accompagne l’édition, souligne que : « Si la pratique, le sujet d’étude et l’esthétique de l’artiste semblent préoccupés par le virtuel, son médium de prédilection reste résolument analogique. Employant l’huile et l’acrylique sur toile, Oli Epp actualise au XXIe siècle le concept de fenêtre décrit dans le traité fondateur du XVe siècle de Leon Battista Alberti, De pictura (De la peinture). Rapprochant la planéité de l’image de l’écran plutôt que de la fenêtre, Oli Epp évoque le paysage digital dans des termes traditionnels de peinture. »
Mara Hoberman relève également la filiation de cette série Black Swan avec les peintures de la Renaissance, celles de Le Pérugin et Masaccio entre autres, et leur combinaison de géométrie, de réalisme et de symbolisme pour dépeindre des sujets religieux sous des traits tangibles et concrets, mais néanmoins sublimes et éthérés. Les trois toiles Black Swan sont réalistes, dérangeantes et émaillées d’éléments abstraits et symboliques, tels le verre, la perle, l’œuf et les coccinelles, chacun accompagnant à son tour le cygne sur scène.
Tiré à 300 exemplaires, numérotés et signés par l’artiste, ce leporello moyen format (24 x 28 cm) est à collectionner, exposer, regarder et révérer.
Né à Londres en 1994, Oli Epp vit et travaille à Londres. Ses peintures sont autobiographiques, parfois sur le ton de la confession, de l'irrévérence et maniant fréquemment le sens tragi-comique. Oli Epp se concentre sur des situations qu'il a observées, en public et en privé, qui passent souvent inaperçu, en un éclair. Il vise à révéler la comédie ridicule de certains rituels et comportements collectifs, en se réduisant à l'essence d'une situation et en créant des silhouettes humaines simplifiées, qui se prêtent à une sorte de parodie du monde réel, à la façon des bande-dessinées. Ces avatars ont des têtes sur-dimensionnées, hermétiquement closes par l'absence de toute caractéristique faciale, au point de devenir un reflet exagéré de l'interaction humaine à l'âge du post-digital - ces figures sont bêtement isolées, mais parées d'écouteurs, de vêtements de marque et d'objets importants pour la consommation et la communication.
Oli Epp utilise le langage visuel des marques et oscille entre le graphisme et les surfaces peintes pour créer une confusion optique, faisant écho à la manière dont nos vies réelles et digitales fusionnent.
Diplômé de la City & Guilds of London Art School en 2017, Oli Epp a bénéficié de nombreux prix et résidences. En 2018, Semiose lui consacre sa première exposition personnelle en galerie.